L'âme des feuilles mortes

Morte saison

D’un seul coup

Le temps-éclair d’un mauvais songe

Tu as vidé les étriers

La vie a pris ta monture

et s’éloigne de toi

dans un galop de cendre

La laine des mots aimés

est partie en flocons

vers le ciel qui pâlit

Blanc réduit à rien

blanc ouvert jusqu’à l’os

Amidon d’hôpital tout ouaté

de menaces

Tête foudroyée qui bourdonne

sans rime ni raison

De lourdes clés ont fermé derrière nous

les serrures sonores de novembre

l’alcool murmure en secret

dans ses jarres tressées d’osier frais

Désormais c’est dans un autre ailleurs

qui ne dit pas son nom

dans d’autres souffles et d’autres plaines

qu’il te faudra

plus léger que boule de chardon

disparaître en silence

en retrouvant le vent des routes

Genève, 25 octobre 1997

(Poème de Nicolas BOUVIER, Le dehors et le dedans, éd. Zoé, 1997)

Comments

[Gérard]

Belle Dentelle Armelle !!!

[jeanne]

j'ai acheté "le chant du monde"

[rem_la]

elle s'est fait manger son ame cette feuille !

[lasiate]

ah oui se décharner l'esprit au vent des routes pour aller jusqu'à l'os

[Tristan]

C'est de saison... les feulles mortes m'inspire aussi.
smile!

[JMS*]

Belle et mélancolique image à la fois.

[taolechat]

un texte fort et nostalgique pour ce squelette végétal
magnifique composition !

[Joëlle]

Un moment un peu particulier ce matin chez toi Petit Louis...

[jeanne]

belle dentelle
la fin avant la fin
belle journée

[Une passante]

Une dentelle , l'humain pourrait-il faire mieux? Belle évocation, l'intarissable Nicolas Bouvier panthéiste sans doute?

[Michel Bouisseau]

Une image qui nous rappelle la fragilité de l'être et comme le chantait Léo "Avec le temps va, tout s'en va ...."

[Tatiana]

Joli coup d'oeil !