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23 Jun

Rimbaud vu par Fantin-Latour

Publié par Petit Louis  - Catégories :  #Personnages

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« Je vivais dans une sorte de malédiction confortable. Je m’étais arrangé pour ne rien laisser paraître ni de mes angoisses, ni de mes envies, ni même de mes vœux les plus secrets et qui eussent risqué de me laisser en mauvaise posture devant tel ou tel de mes contempteurs. Je vivais masqué. Je veux dire par là, cette cire commode dont on se peint le visage et, bien mieux, les sentiments, dès qu’on se sent traqué, soumis des fois, et  au mieux, vaincu. L’indifférence confine à l’insouciante optique de tout ce qui peut être regardé, ou même vu de biais, en douce, en rupture de courtoisie. Les voyous ne sont pas tous enfermés dans les prisons. C’est une idée reçue. Il en est qui vaquent en toute tranquillité dans les salons, dans la rue, dans les ministères. L’orgueil de ceux de ma race est trop évident pour qu’il soit nécessaire de se démasquer le moment venu. Le moment est toujours là, présent, indéniable. Je savais que je n’en sortirais jamais de cette brume visqueuse que je prenais plaisir à faire tâter autour de moi à qui voulait bien, et dont je disais qu’elle était tout mon sentiment. Je vivais. Et maintenant, je vis.

Seul. »

(Préface de Léo Ferré au Testament phonographe, Ed. La Mémoire et la Mer, Monaco, et Ed. 10/18, Département d’Univers Poche, 2001.)

La photo est un détail de la toile d’Henri FANTIN-LATOUR (1836-1904), intitulée Un coin de table,  datée de 1872. Arthur RIMBAUD avait  17 ans. Une copie de cette toile se trouve au Musée RIMBAUD de Charleville

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S
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