Pétales de coquelicots
« Il est des jours - avez-vous remarqué ?
Où l'on se sent plus léger qu'un oiseau,
Plus jeune qu'un enfant, et, vrai ! plus gai
Que la même gaieté d'un damoiseau.
L'on se souvient sans bien se rappeler...
Evidemment l'on rêve, et non, pourtant.
L'on semble nager et l'on croirait voler.
L'on aime ardemment sans amour cependant.
Tant est léger le coeur sous le ciel clair
Et tant l'on va, sûr de soi, plein de foi
Dans les autres, que l'on trompe avec l'air
D'être plutôt trompé gentiment, soi.
La vie est bonne et l'on voudrait mourir,
Bien que n'ayant pas peur du lendemain.
Un désir indécis s'en vient fleurir,
Dirait-on, au coeur plus et moins qu'humain.
Hélas ! faut-il que meure ce bonheur ?
Meurent plutôt la vie et son tourment !
O dieux cléments, gardez-moi du malheur
D'à jamais perdre un moment si charmant. »
Paul Verlaine, Impression de printemps.
En consultant mon petit Dictionnaire étymologique et historique de la langue française (Le Livre de Poche), quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que le mot coquelicot est apparu au XVIè siècle, de cocorico « coq » et s’est appliqué à la fleur dont la couleur rappelle celle de la crête du coq.
(Photo prise à Sefrou, Maroc, Moyen Atlas, mai 2010)